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Les AMAP, le lien direct entre

l'agriculteur et le consommateur

Le retour du

"consommer local"

au premier plan


Faire ses courses directement à la ferme, sur un marché ou se faire livrer par un agriculteur (ou producteur) est un "comportement consommateur"  qui existe depuis plusieurs siècles. Mais après la Seconde Guerre Mondiale, les Hommes ne consomment plus de cette façon. Cet artisanat a laissé place à une société de surconsommation avec la naissance des "grandes surfaces" lors des Trente Glorieuses. Durant cette période, toute nouveauté était bonne pour consommer... Notamment l'alimentation produite de façon industrielle. Cependant plusieurs facteurs (que nous verrons plus loin) ont

 "redistribué les cartes". Les Français veulent désormais retrouver les saveurs dans leur assiette et soutenir l'économie locale et donc les agriculteurs près de chez eux. Une prise de conscience qui a permis le retour du "consommer local" sur le devant de la scène.

Qu'est-ce qu'une Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne (AMAP) ? Vincent, en charge de l'association qui gère l'AMAP Saint-Pierre d'Ax à Blagnac, nous explique. A écouter en cliquant ici  

Quelques agriculteurs dévoilent les raisons de leur engagement dans une AMAP. Cette profession est au coeur de ce circuit de proximité qu'est l'AMAP.


"Avant je produisais pour la grande distribution, mais depuis 2007 je suis passé à une production 100% AMAP avec ma femme Véronique (voir la vidéo ci-contre). Pourquoi ? Aujourd'hui les gens ne savent pas ce qui compose leur assiette. Les gens ont désormais envie de voir qui produit leurs fruits et légumes. Nous voir les rassurent. Puis l'AMAP est un système équitable. Le producteur est payé au juste prix de son travail et le consommateur ne dépense pas des sommes folles pour s'alimenter. Mais il ne faut pas croire que ce sont pour des raisons financières que je me suis engagé là-dedans. Avant l'AMAP, je touchais 2200 euros par mois, aujourd'hui 1200. J'avais tout simplement envie de partager mon savoir, créer du lien social avec le consommateur et créer de l'emploi (Alain embaûche 8 personnes). Les gens sont reconnaissant envers le travail accompli. "

Alain Gatti, producteur de St-Jory


Cela fait 3 ans que je travaille avec l'AMAP de Blagnac. Sur le plan économique, contrairement au marché, je n’ai pas d’invendus. Tout est commandé et payé à l’avance ce qui m’assure une certaine sécurité sur mes revenus. Puis il y a un aspect relationnel important dans les AMAP, c'est très agréable les moments de distribution . " 

Thierry Dupouy, artisan boulanger à Mauvezin


" L'AMAP représente près de 70% de mes revenus annuels. Une part plus que primordiale pour la pérénité économique de mon exploitation. Mais les AMAP c'est aussi contraignant car il faut être constant dans ses productions et bon dans toutes, on ne peut pas se permettre d'avoir un creux. Il faut assurer les commandes tout au long de l'année." 

David Lasserre, maraîcher de Boudou

Que pense les adhérents AMAP

du consommer local ?

Chaque mardi soir, les adhérents à l'AMAP de Blagnac se réunissent sous le préau de l'ancienne école Jean-Moulin, proche de la mairie, pour récupérer leurs produits. Moment de partage illustré par cette vidéo : 

" Manger local c’est important car c'est un mode de consommation propre d’un point de vue écologique et il nous permet de consommer tout en nous responsabilisant. Je ne vais pas au supermarché acheter un produit sans me demander d'où il vient. Pour moi ça me parait évident de consommer des produits conçus à côté de chez nous si on en a la possibilité au lieu de consommer des produits fabriqués à des milliers de kilomètres. Ce mode de consommation permet de maintenir l'agriculture locale et non les grosses sociétés voilà pourquoi on parle donc de consom'acteur. " 

Une adhérente à l'AMAP de Blagnac depuis 9 ans.


" Le consommer local s'inscrit dans une démarche d'économie sociale et solidaire (ESS). Ce mode de consommation permet de créer du lien social (via les AMAP) et maintenir l'activité économique régionale. Consommer local c'est aussi consommer plus sain et plus responsable. Faire le choix de reverser son argent aux petits producteurs plutôt qu'à la grande distribution. Personnellement ça fait des années que je consomme uniquement des produits frais issus de l'économie de proximité. "

Jeune adhérente à l'AMAP de Saint-Jory et ancienne employée de l'exploitation d'Alain Gatti. 

Depuis leur création en 2003, les AMAP ne cessent de se développer dans la région Midi-Pyrénées. Aujourd'hui, on compte 160 AMAP pour 120 producteurs membres du système, ce qui représente environ 3000 familles qui profitent de ces distributions. Mais ce n'est pas la seule initiative de circuits courts et/ou de proximité. Ferme Attitude est également une alternative pour consommer local. 

La production agricole

dans le monde urbain

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 Ferme Attitude est une chaîne de deux magasins, née en 2010, qui a pour but " de proposer un système autre que celui du marché mondialisé en proposant des produits locaux et bruts " d'après sa créatrice et dirigeante Muriel Porry. En collaboration avec près de 150 agriculteurs locaux, les deux boutiques situées dans les quartiers Saint-Georges et Saint-Cyprien sont livrées quotidiennement en produits frais (viandes, laitages, fruits légumes, etc) par ces agriculteurs. Ferme Attitude propose 1500 références de produits au total.


"Il faut savoir que ces deux commerces accueillent chaque jour environ 300 clients, pour un panier moyen de 17€". Une grande fierté pour cette femme qui veut à travers cette initiative "soutenir l'économie de proximité". "Quand je m'associe à un agriculteur pour nos deux magasins, je ne négocie pas les prix de leur production. C'est une marque de respect et de soutien envers cette économie agricole et locale" ajoute la gérante.


D'après Muriel, ce respect des prix du producteur n'impacte en rien le prix des produits de Ferme Attitude. " Consommer local n'est pas plus cher. Les produits non transformés comme les fruits et légumes ne sont pas plus chers, voire ils sont moins chers. Par contre tout ce qui est épicerie et donc des produits qui neccéssitent des transformations, les producteurs ont leurs propres laboratoires de transformation. Le coût de production est donc forcément important qu'en grande distribution où les coûts sont minimisés au maximum au détriment de la qualité".


Aujourd'hui les gens s'intéressent et veulent consommer local pour plusieurs raisons selon Muriel Porry.

" Les consommateurs prennent conscience de ce qu’il y a dans leur assiette car il y a eu beaucoup trop de 

scandales alimentaires. Ensuite, les charges pour l'agriculture biologique ne sont pas les mêmes pour chaque 

pays donc les consommateurs favorisent les produits conçus proches de chez eux pour être 

rassuré. Et la crise économique que traverse le monde agricole donne envie de soutenir nos agriculteurs non loin de chez nous et donc laisser les richesses dans notre économie locale".



" Il y a un besoin de donner un sens à notre alimentation. On parle de consom’acteur,  c’est consommer en se demandant qu’est-ce que je consomme, comment je consomme et l’impact que ça peut avoir sur mon environnement écologique, économique et sur la santé.


Au sujet du consommer local, "on n'a rien inventé mais on a relancé le modèle réflechi du consommer local " termine-t-elle.

 



Cliquez ici pour découvrir ce qu'est Ferme Attitude !

Pourquoi vous consommez local ?

Après des échanges avec les clients rencontrés dans la boutique Ferme Attitude, voici les arguments principaux qui ressortent le plus souvent de leur part pour justifier leur choix du consommer local. Cliquez sur le rectangle gris pour les découvrir !

"Soutenir l'économie locale"

"Manger des produits sains afin de préserver sa santé"

"Ce n'est pas plus cher de manger des produits frais que des produits industriels"

"La société de surconsommation ne me convient pas ou plus"

"Tous les scandales alimentaires m'ont fait réagir"

"Donner du sens à ce qu'on mange, être consom'acteur"

"Consommer de manière responsable en tenant compte de l'empreinte carbonique sur l'environnement"

"Une meilleure médiatisation de la malbouffe"

"On connait l'origine de ce qu'on mange"

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Le locavorisme, un courant entretenu

par l'IRQUALIM

Jacques Poux, le directeur régional de l'IRQUALIM (Institut régional de la Qualité Agroalimentaire de Midi-Pyrénées), revient sur la montée en puissance du consommer local et les actions que met en place l'institution pour le favoriser.

"Cette multitude d'initiatives comme les Amap ou encore les circuits courts permettent de surfer sur la vague du consommer local qui prend de plus en plus d'ampleur. Le consommer local n'est pas un effet de mode. C'est une véritable demande du consommateur dans la région depuis, je dirais, une dizaine d'années. Elle résulte d'une véritable prise de conscience citoyenne (voir infographie ci-dessous). Ce phénomène de locavorisme ne cesse de s'amplifier.


Pour répondre à celui-ci, l'IRQUALIM a crée en 2013 la communauté des Qualivores de Midi-Pyrénées. Le but, rassembler producteurs / entreprises SIQO (Signe d'Identification de Qualité et d'Origine), les restaurants proposant des SIQO, les boutiques distributrices de SIQO, les ambassadeurs de ces derniers et enfin les consommateurs, les qualivores. Ce qu'on appelle un qualivore est une personne qui souhaite consommer des produits locaux avec la promesse d'une grande qualité. L'objectif de cette communauté est de rassembler les personnes qui ont le même souhait et qui partage la même envie, celle de consommer local. Aujourd'hui la communauté des Qualivores de Midi-Pyrénées rassemble 3000 adhérents et 175 ambassadeurs (producteurs et distributeurs)."

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Midi-Pyrénées,

bon élève du

consommer local

Florence Carles (deuxième en partant de la gauche sur la photo précédente), responsable des circuits courts à la chambre d'agriculture Midi-Pyrénées dresse un bilan de la situation.

"Cela revient au goût du jour du fait de la multiplication des crises alimentaires et de l’industrialisation des produits. Les consommateurs recherchent plus de sécurité et de proximité dans les produits qu’ils mangent. Ils ont plus confiance envers le petit producteur du coin, pas forcément envers les circuits courts mais bien envers les circuits de proximité."

"Il y a le drive fermier, c’est un débouché supplémentaire pour l’agriculteur, un autre canal de distribution au goût du jour. Car maintenant le consommateur n’a plus de temps, et il gagne en efficacité en commandant des produits locaux sur un site plutôt que de faire le tour des fermes. Il y aussi le label "Bienvenue à la ferme" où le principe est de recevoir du public et le consommateur chez le producteur pour expliquer leur métier, et non pas seulement faire de la vente directe. Enfin, on organise des Marchés de producteurs. Ce sont des marchés labélisés réservés aux producteurs du coin ou du département, avec des dégustations et où on promet la qualité et l’origine des produits au consommateur. L'objectif final est de sensibiliser chacun au consommer local et rapprocher le consommateur du producteur."

"Avant tout, les gens doivent essayer. Mais le problème reste la distribution. Pour consommer local, on est obligé d’aller au marché ou à la ferme pour avoir des bons produits. Ensuite, il y a les saisonnalités à respecter. On ne peut pas manger ce qu’on veut quand on veut, comme les tomates en hiver par exemple. Il faut accepter des carrences dans notre alimentation. Le consommer local est un état d’esprit qui bloque des gens."

Pour naviguer dans le webdocumentaire, utilisez les flèches de votre clavier ou bien la molette de votre souris

" Midi-Pyrénées est une bonne élève en ce qui concerne les initiatives de circuit  de proximité. 23 % des agriculteurs de notre région travaillent dans le circuit court ou de proximité. Ce qui représente sur un total de 47 600 exploitations, environ 11 000 producteurs. Un nombre qui nous permet de nous situer au dessus de la moyenne nationale qui se trouveaux alentours des 19 %".

Où se situe la région Midi-Pyrénées au niveau national sur l'implication des agriculteurs dans les circuits courts ? Cliquez sur la zone grise pour voir la réponse !

Pourquoi le consommer local fait-il peu d'adeptes ? Cliquez sur la zone grise pour voir la réponse !

Comment se fait-il que le consommer local revient au goût du jour selon vous ? Cliquez sur la zone grise pour voir la réponse !

Quelles actions met en place la Chambre d'Agriculture pour soutenir le consommer local ? Cliquez sur la zone grise voir la réponse !

Je rermercie toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à ce reportage sans qui rien n'aurait été possible :


le réseau AMAP de Midi-Pyrénées

l'AMAP de Blagnac

Alain Gatti 

Ferme Attitude et Muriel Porry

Jacques Poux de l'IRQUALIM

Florence Carles de la Chambre d'Agriculture Midi-Pyrénées et son équipe

le CTRC de Midi-Pyrénées


et surtout Pierre Vincenot pour ses précieux conseils.